Paige I. Whitman && Daemon L. Connor


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Quelle journée. Si on m’avait dit, lorsque j’avais pris la route le matin même a plusieurs kilomètres de là, que j’allais pouvoir rencontrer cette jeune femme, faire connaissance, la voir bien réelle puis qu’elle m’amènerait dans une zone sécurisé avec vivre, confort et tout le nécessaire pour survivre… jamais je ne l’aurais cru. J’aurais certainement ris, pris de folie devant une telle utopie. Cela semblait irréel. Inconcevable. Pendant plusieurs mois je n’avais trouvé que mort, destruction, ruine, cadavre… rien de vivant, de concret, de ville en état de marche. Et pourtant… voila qu’existait une oasis. Un havre de paix et de sécurité dans lequel nous pouvions dormir et nous reposer, vivre sereinement. Du moins, tout aussi sereinement que la situation le permettait. Nous ne pouvions oublier l’horreur qui subsistait à l’extérieur. Nous ne pouvions oublier que n’importe lequel d’entre nous pouvait se retrouver dans un tel état et vouloir notre mort. Mais nous devions lutter et survivre jusqu’à retrouver un jour, si possible, le moyen de tout arrêter et de reprendre une vie normal.
Si un jour cela arrivait, si un jour nous arrivions à éradiquer ce virus et à annihiler ou soigner tout ces zombies, alors ce jour serait à marquer dans l’histoire comme un renouveau de l’histoire de l’humanité. Une renaissance, un recommencement. Le jour où l’Homme à réussi à vaincre l’enfer et à repousser ses assauts. Mais ce jour est encore loin d’arriver. Je ne pense pas que je le vivrai. Je ne pense pas que tout mon entourage ici présent sera encore en vie lorsque ce jour viendra. Nous le savions et pourtant, nous nous bâtions pour faire vivre cet espoir et donner leur chance aux générations futures. Une chance d’avoir de quoi survivre et des technologies bien plus avancé pour stopper tout ça.

La surprise fut donc assez grande lorsque je vis au loin cette immense bâtisse. J’avais cru à un mirage malgré les dire de la jeune femme qui m’affirmait que tout ça existait. Je ne pouvais pas le croire. Cependant je le dû. Dès que mes pieds passèrent les portails de sécurité et que je fus escorté à l’intérieur des murs par un groupe d’homme armé, je dû me résoudre à cette réalité. J’avais enfin, et depuis longtemps, trouvé un refuge auprès de gens civilisés.
Mais le must, et j’avais alors l’impression que les Dieux m’avaient bénie en ce jour, s’était de retrouver Pie après toute ces années, dans ce même refuge, dans cette même zone. Je levais les yeux au ciel, murmurant un simple « merci » malgré le fait que je ne croyais pas aux dieux, et m’avança doucement dans cette pièce de détente pour retrouver cette personne cher à mon cœur. Depuis toutes ses années, depuis ce sang retrouvé un peu partout chez elle, je m’étais fait à l’idée que je ne la retrouverai jamais. Qu’elle n’avait pas survécu. Je la cherchais tout de même, je voulais être sûr, mais pour moi les chances étaient minimes et je commençais à sombrer dans la dépression de ne plus la revoir. Mais elle était là. En vie. Belle et bien vivante, devant moi. M’agenouillant en face du canapé, juste devant elle, je sentais les larmes monter avec force dans mes orbites et glisser doucement le long de mes joues. Je ne pouvais plus retenir ces perles salées de couler le long de mon visage. Je n’avais plus pleuré depuis des années. Depuis la fois où je lui avais dit au revoir sous le porche de sa maison. Où je l’avais pris dans mes bras pour partir avec l’armée. Je l’aimais mais j’avais dû me séparer d’elle pour servir mon pays. Je ne le voulais pas mais j’y étais obligé. Depuis ce jour, plus aucune larme n’étaient sortis de mes yeux et c’est en la revoyant aujourd’hui que tout ce flot d’émotion sortis enfin et éclata.

Lentement j’approchais une main de son visage pour la poser sur sa joue mais mon geste fut interrompue lorsque j’entendis sa voix. Une vois si douce, si tendre, qui glissait tout doucement dans mes oreilles, qui faisait vibrer mes tympans mais aussi mon cœur. Mon corps se figea et mes yeux se mirent à scruter lentement son visage et ses moindres détails. Elle n’avait pas réellement changé mais je pouvais percevoir quelque chose de différent. Elle n’était pas elle-même. Ses pupilles étaient totalement dilatées et son sourire assez… bizarre ne révélait rien de bon. Bien au contraire. Le surnom qu’elle utilisa et sa façon de le cantonner en plus de l’expression de son visage me firent froid dans le dos. Alors que j’essuyais mes larmes du revers de la main, elle se releva et partie en dansant le long de la salle pour aller s’allonger sur le billard. Je n’arrivais pas bien à comprendre. J’avais l’impression qu’elle m’avait totalement oublié. Je ne la reconnaissais plus. La Paige que j’avais connu et aimé n’était plus. Enfin, elle n’était pas présente se soir là. J’avais l’étrange impression qu’elle était… droguée.
Voyant son doigt qui me faisait signe de venir à elle, je soupirais en prenant conscience de son état et me releva alors difficilement, mes jambes me faisant mal et m’avança lentement, d’un pas lourd et doux, vers elle. je me posais alors tranquillement contre le billard et la regarda, ne sachant pas comment réagir ni comment faire pour la faire redescendre sur Terre. M’avait-elle réellement vu ? J’en doutais. Mais le surnom qu’elle avait dit et le fait qu’elle ai ancré ses yeux, ne serait-ce qu’une petite seconde, dans les miens me faisaient dire qu’elle pensait toujours encore à moi. Qu’elle ne m’avait pas oublié. La drogue… si elle était bel et bien droguée comme j’en avais peur, alors elle devait être entrain de planer et de délirer complètement, voyant des mirages et des choses non réelles de toute part. Et cette réalité me frappa alors de plein fouet. Si elle voyait des choses non réelles, peut être pensait elle que je n’existais pas vraiment ? Que je n’étais que le fruit de son imagination ? D’où le fait qu’elle n’eut aucun enthousiasme, aucune joie ni aucune réaction à mon arrivé et à nos retrouvailles.

J’entendis une troisième fois ce surnom et releva alors les yeux vers elle. que faire ? Sans trop réfléchir, je me remis debout et m’avança jusqu’à son corps. Doucement, sans brusquerie, je joignis mes mains aux siennes et croisa mes doigts dans les siens avant de la relever doucement et de la faire s’assoir sur le billard. Plongeant mon regard dans le sien encore une fois, je m’y ancrais avec force et la tira contre moi, la prenant dans mes bras pour la serrer tout doucement et déposer un long baiser sur le haut de sa tête.

« Pie… c’est moi. Daemon. Je suis là. Je suis revenue… » murmurais-je tendrement au creux de son oreille.

Toujours assis accroupis près du canapé, je regardais cette petite tête blonde rêvassait, chantonner, sourire et rire comme si elle n’était plus vraiment présente, comme si elle évoluait dans un autre monde plein de joie et de bonheur, comme si elle était totalement indifférente à ce qui l’entourait en se moment même, au lieu, à ma présence, à ma personne. Encore sous le choc des émotions que sa vue avait fait naître en moi, je restais figé pendant de longues secondes à la regarder sans rien dire, sans bouger, mes yeux redécouvrant alors son être, son visage et sa silhouette que je ne connaissais que trop bien et qui m’avait atrocement manqué depuis maintenant presque trois ans. Trois ans où ma vie avait été un véritable enfer. Pire que cela même. J’étais sûr et certain que l’enfer ne pouvait être en rien comparable et que cela pouvait être qu’un endroit de vacance comparé à ce que j’avais pu vivre. Traité comme un animal, logeant dans une cage, dans la bout, avec comme vêtements qu’un bout de tissus pour recouvrir mon bassin, je vivais en marge de la société, en marge même du campement des rebelles qui ne voyaient en moi qu’un animal indomptable capable de tuer pour sauver sa propre peau. Traité comme un animal, j’étais petit à petit devenue cet animal féroce qu’ils voulaient tant, n’ayant aucune pitié pour ceux qui m’entouraient, ni pour ceux qu’ils me faisaient combattre pour gagner de l’argent. Aux Etats-Unis, cela était considéré comme des combats clandestins, mais au Brésil, entre les rebelles, ces combats étaient tout à fait légitimes et « autorisés ». Enfin, si on pouvait dire ça comme ça. Le gouvernement étant un peu trop peureux, les forces de l’ordre n’essayaient même pas d’intervenir et laissaient alors les rebelles faire ce qu’ils voulaient sur leur territoire.

Mais tout ceci avait changé. Depuis l’attaque des premiers zombies sur le continent Latino, j’avais pu me libérer de mes chaines, de ma cage et retrouver ma liberté. En quelque sorte, cette attaque de zombie avait été salvatrice pour moi puisqu’elle m’avait permis de me rendre libre et de repartir vers mon chez moi, de redevenir petit à petit un être humain. Ce qui m’avait fait tenir jusque là malgré le fait que je vivais comme un animal et que j’avais perdu toute sensibilité ? Pie. C’était elle qui m’avait fait tenir jusqu’ici. Mon envie de la retrouver, de la revoir, de revivre ce que nous vivions était tellement fort que cela m’avait permis de tenir et de vivre. De survivre plutôt. Car ma route avait été de nombreuses fois semées d’embuche. Je ne les avais pas comptés, mais les zombies qui étaient tombés sous ma lame et sous mes balles étaient nombreux. Vraiment très nombreux. Faire la route à pied du Brésil aux Etats-Unis n’était pas chose facile à la normal. Long et fatiguant. Mais si en plus vous ajoutez à ça le fait que la population humaine avait quasiment disparue de la surface de la Terre, vous privant ainsi de service, de nourriture, de toit pour dormir, et qu’à la place se trouver un nombre incroyable de zombie prêt à tout pour vous tuez… Alors vous comprenez combien cette route fut longue, douloureuse et éprouvante.

Heureusement maintenant je me retrouvais dans une zone sécurisé où la vie humaine s’était installé et par chance, avec une probabilité extrêmement faible voir inexistante, je venais de retrouver Paige. Après tout ce temps passé à la rechercher. Elle était là, sous mes yeux, alors que je ne m’y attendais pas du tout. Complètement stone… Elle divaguait tout simplement et était dans un autre monde alors que je me retrouvais devant elle. Sans chercher à comprendre de suite, encore frappé par ce lot incroyable d’émotion, alors que j’avais cru perdre toute sensibilité depuis longtemps, je m’étais relevé et étais aller à sa rencontre en la relevant doucement du billard pour la prendre dans mes bras. Tout doucement, je la serrai contre moi, mes bras se nouant dans son dos, sentant son corps se poser délicatement tout contre le mien, sentant son agréable parfum ainsi que la douceur de sa peau sous mes lèvres. S’était bien elle. Elle était bien là, en chair et en os. Mon cœur battait tellement fort qu’elle devait à se moment le sentir et se rendre compte que j’étais bel et bien là. Pour affirmer cela, alors qu’elle n’avait pas encore ouvert la bouche, je murmurai à son oreille que c’était moi, que j’étais revenue. Des soubresauts dans sa poitrine m’avertirent alors qu’elle commençait à réaliser la chose alors que ses mains se crispaient férocement dans mon dos et qu’elle s’accrochait avec plus de force à moi, en nichant son visage dans mon cou. Je sentais ses larmes coulaient, inondant mon cou alors qu’elle reniflait doucement en pleurant silencieusement, toujours autant accroché à moi. Je la serrais alors un peu plus, ne voulant plus la quitter, trop heureux de la retrouver.
Sentant son corps s’écarter doucement du mien alors qu’elle tenait avec toujours plus de force mon t-shirt, je plongeais mon regard dans le sien sans m’attendre à ce qui allait suivre. D’un coup, rapidement, bien trop rapidement pour que je m’en rende compte et ne m’y attendant pas du tout, je reçu avec force sa main sur ma joue. Mon visage se tourna faiblement sous la claque reçu et mes yeux se perdirent sur un point derrière elle pendant qu’elle m’indiquait qu’elle me détestait. Très lentement, je retournais mon visage pour retrouver le sien et me replongea dans ses yeux pour essayais de comprendre ce geste et ses paroles. Ses yeux me fixèrent avec une haine que je n’avais jamais connue. Une haine terrifiante et déstabilisante. Sa voix était emprunte de colère et je me mis alors à chercher ce que j’avais bien pu faire pour qu’elle me haïsse de la sorte.

Les secondes passèrent et lentement, les choses devenaient plus claires dans ma tête. Alors qu’elle pleurait toujours silencieusement, laissant ses larmes couler sur ses joues, Pie était toujours accrochée à mon t-shirt pour ne pas me laisser partir. Je n’en avais d’ailleurs pas l’intention. Je soupirais faiblement et reposa mon regard dans ses prunelles bleutés si envoutante, maintenant rougies par les larmes, tout en comprenant ce qu’elle me reprochait. Du moins, c’est ce que je pensais. Mais je me demandais pourquoi elle me reprochait ça. Etait-ce de ma faute concrètement ? Partir pour servir mon pays, j’y étais obligé. Relevant ma main vers son visage, je posais délicatement mes doigts sous son menton et releva son visage vers le mien alors que mes lèvres se posèrent tendrement sur son front, lui offrant un doux et long baiser.

« Je suis désolé… terriblement désolé de t’avoir laissé. Mais c’était soit l’armée, soit la prison. Et la prison aurait duré bien plus longtemps. Et je ne voulais pas partir aussi longtemps loin de toi c’est pourquoi je me suis laissé allez à l’armée et suis partis servir mon pays. Crois-moi, si j’avais pu rester, je serai resté. Pour toi. Rien que pour toi. Il ne s’est pas passé une seconde depuis toutes ses années sans que je ne pense à toi. C’est la pensée de te revoir un jour qui a fait que j’ai pu survivre et venir jusqu’ici. »

Avouais-je alors tout doucement, restant tout contre elle en la regardant toujours, voulant à tout prix qu’elle puisse me pardonner d’être partis et de l’avoir laissée si longtemps seule alors que nous étions de plus en plus proche et unis, presque inséparable. Une fois ceci dit, j’attendis patiemment qu’elle prenne conscience de mes paroles, de mes mots et qu’elle me croie.

La situation prenait une tournure que je n’avais pas vraiment prévue. Certes, cela faisait maintenant un peu plus de trois ans que j’étais partis, que j’avais été fait prisonnier en Amérique Latine et certaine fait pour mort aux yeux des américains et donc aux yeux de Pie. Oui, trois ans sans nouvelle. Un abandon pur et simple. Voila comment je pouvais voir ce qu’elle avait pris. Un abandon de ma part. Mais elle savait aussi que je n’avais pu faire autrement. Que j’étais obligé de servir mon pays pour les mois qu’ils me demandaient. Comme tout citoyen américain. Pouvait-elle m’en vouloir pour cela ? Tout le monde aimait les personnes servant leur pays. Du moins c’est ce que j’avais pensé. Mes parents étaient fiers de moi et j’avais cru que Pie l’aurait été. Cependant, cela n’avait pas l’air d’être le cas. Alors que je l’avais pris dans mes bras pour la consoler, puis lui montrer que j’étais là devant elle, bel et bien en vie, je reçu, après quelques secondes de câlin, une puissante claque en pleine joue qui me fit légèrement tourner la tête. Oui légèrement. Pas pour dire que celle-ci était non douloureuse, mais que j’avais subis tellement de coup pendant trois ans que j’étais désormais paraît à tout encaisser. Physiquement, cela ne me fit rien. Mais mentalement, psychologiquement, ce ne fut pas la même chose. Ce fut blessant. Extrêmement blessant. Une douleur comme je n’en avais jamais connu. Ruez moi de coup, cassez moi la tête, frappez moi de vos poings, de vos pieds, de vos coudes et vos genoux, utilisez des armes, blanche ou a feux… cela ne me ferait rien. Cela ne serait pas aussi blessant que la claque que je venais de me prendre. Surtout venant d’elle. De quelqu’un d’autres, j’aurais riposté, rien sentie mais là… C’était blessant. Énormément.

Mais je ne relevais pas. Je ne pouvais pas relever ça. Sans réfléchir, j’attrapais son menton et déposa mes lèvres sur son front, l’embrassant alors tendrement. Je la serrai tout doucement à moi. Je voulais à tout prix qu’elle pardonne tout ceci. Qu’elle m’accepte de nouveau et qu’elle voit vraiment que j’étais désormais présent et que j’étais revenue pour elle. Mais encore une fois, je fus blessé et déçu au plus profond de moi de son comportement. Je ne me serai jamais attendu à cela venant d’elle. Avait-elle autant changé en trois ans ? Je comprenais le fait qu’elle avait dû, pour survivre, se forger un nouveau caractère ou quelque chose de la sorte. Tout comme je l’avais fait dans la forêt amazonienne pour survivre à mes agresseurs et à tous les combats que j’avais dû mener. Mais ce comportement, ce caractère que je m’étais forgé là-bas, je l’avais mis de coté lorsque je l’avais revu. Lorsque, quelques secondes plus tôt, j’avais franchi les portes de cette salle et l’avais retrouvé. J’étais redevenu le Daemon d’avant. Celui qu’elle avait toujours aimé et toujours protégé.
Mettant un coup dans ma main, elle l’envoya valdinguer avant de me pousser et de se reculer sur le billard. Le regard noir, on aurait dit une bête qui essayait de fuir un prédateur. De fuir un ennemi. Je ne reconnaissais alors plus ma petite Pie. Cette jolie blonde aux yeux bleues que j’avais toujours aimé et ce, depuis notre première rencontre. Celle qui représentait pour moi la femme de ma vie. la fille que je ne pourrais certainement jamais avoir, jamais atteindre. J’avais dès lors l’impression de la perdre totalement. Elle partit dans la pièce, marchant en titubant légèrement, se retenant ci et là entre les murs et le billard et ne disait plus rien. Quelque chose n’allait décidément pas. La voir tituber de la sorte m’annonçait alors que quelque chose n’allait pas en elle. Qu’elle avait l’air… droguée ou même bourrée. Qu’est ce qui se passait ?

Je n’eus pas vraiment le temps de réfléchir plus longtemps à cela, la jeune femme se mit à hurler à mes paroles que tout ceci était faux. Je posais une nouvelle fois mes yeux sur son visage et la regarda sans plus aucune émotion, les yeux légèrement plissaient. Elle marchait encore, se tenait la tête avant de continuer. D’après elle, si j’avais réellement voulu rester, je serrais rester et serais même partis avec elle dans une autre ville ou un autre continent pour éviter de me faire arrêter et jeter en prison. Je me mordis la lèvre en entendant cette accusation et recula alors doucement avant de me retourner quelques minutes, ne voulant plus la voir. J’avais du mal à croire ce que j’entendais. Après trois ans de galère, de combat à la limite de la mort, de souffrance physique et psychologique sans la voir et être loin d’elle, voila comment nos retrouvailles se déroulaient. Elle m’envoyait totalement sur les roses et me reprochais mon départ. Posant mes mains sur mon visage en fermant les yeux, je pris une grande respiration et essaya alors de me calmer, les nerfs et la déception ayant pris place dans l’ensemble de mon être, me faisant une nouvelle fois monter les larmes aux yeux. Si j’avais pensé que la seule personne que j’aimais le plus au monde allait me jeter de la sorte… je crois que je n’aurais même pas cherché à survivre à ce qui se passait et que j’aurai volontiers accepté la mort comme elle venait au lieu de la défier.
Soufflant tout doucement, je me retournais alors vers elle et rouvris mes yeux. Elle était avachit contre le mur, la tête entre les mains, le regard braquer sur moi. On pouvait lire dans ses yeux de la peur, de l’incompréhension mais aussi une importante fatigue. Je soufflais alors une seconde fois en réfléchissant lentement avant de prendre la parole.

« Tu as peut-être raison… peut-être aurais-je dû essayer cela. Mener une vie de fugitif et être traqué par tout un pays, en mettant la personne la plus importante à mes yeux en danger de mort… Mais je ne suis pas comme ça. Je ferai n’importe quoi pour que tu ne subisses aucune attaque, pour que ta vie soit saine et sauve. Je pensais bien faire. Je pensais que tu aurais pu être fière de moi… Malheureusement, je me suis trompé. Si j’avais su que tout ceci allait se produire… je serai resté pour te protéger. Pour t’éviter tout les malheurs que tu as dû rencontrer. Je suis envie et c’est grâce à toi. La pensée d’un jour te retrouver ma donner les forces pour survivre à tout ce que j’ai enduré durant ces trois longues années. Je… je suis désolé… pardonnes moi. »

Finissais-je dans un souffle avant de me laisser tomber sur le canapé derrière moi…

Le souffle court, le cœur battant très lentement, avec de puissant « boum » irrégulier dans la poitrine, j’écoutais et encaissais sans broncher toutes les paroles qui sortirent de sa bouche. Elles viennent rapidement me frapper de plein fouet, avec une puissance telle que je sentais mes jambes trembler sous le poids des coups, sous le poids des émotions. En trois ans de survie, de combat à mort, je n’avais jamais faillis, je n’étais jamais tombé, je n’avais jamais tremblé. Je me sentais presque invincible et alors que je ne ressentais plus aucune émotion, plus aucun sentiment, à part le désir de survivre pour elle, pour la revoir un jour, je me battais et tuais tous ceux qui voulaient m’en empêcher, sans flancher… Mais là, les choses étaient différentes. J’avais enfin recouvré en système « humain ». J’étais enfin revenu dans un endroit avec une population. Dans un endroit où je pourrais tisser des liens et retrouver un semblant de vie avec des relations, des connaissances, des discussions et des jeux. Le plus important, je l’avais enfin retrouvé elle. Elle pour qui j’avais subis sans contester de nombreux coups, de nombreuses tortures, de nombreuses plaies plus ou moins profondes. Mon corps gardait encore les marques de tout ceci. Toutes les cicatrices, qu’elles soient petites ou grosses, profondes ou faibles. Mais ceci n’était rien. Rien du tout. De simple blessure physique alors qu’ils n’avaient jamais réussi à m’atteindre mentalement et psychologiquement. Personne n’avait réussi. Mise à part elle…

Paige… la seule fille que j’avais toujours aimé. Malgré les autres conquêtes, je ne voyais qu’à travers elle. Et pourtant… je n’avais rien fait pour le lui montrer. J’avais été trop faible. J’avais caché mes sentiments à son égard de peur de perdre cette amitié si puissante qui nous liait l’un à l’autre. Peur de la perdre jamais alors que je pouvais me contenter de son amitié. Mais je voulais plus, bien plus… Et je n’avais jamais eu le courage de le lui dire. D’ailleurs, je n’en avais jamais réellement pris conscience. Je m’étais voilé la face toutes ses années jusqu’à mon départ pour l’armée. Jusqu’à mon enlèvement. Je m’étais alors promis qu’en sortant, en me libérant de mes chaînes, je lui avouerai toute la vérité si jamais j’arrivais à la retrouver. Les chances de succès étaient minces. Vraiment très mince. Et pourtant… après des semaines, des mois de recherche, de marche à travers toutes ces villes détruites et recouvertes de zombie, j’avais enfin retrouvé mon ange. Celle pour qui j’avais survécu, pour qui je m’étais battu. Mais nos retrouvailles ne se passèrent pas aussi bien que je le pensais. Je m’étais imaginé toute sorte de scénario quand à nos retrouvailles. Mais je n’avais jamais pensé à ça. A ce qu’elle puisse m’en vouloir à ce point. A ce qu’elle puisse me rejeter de la sorte et me dire que j’avais tout foiré.

Je me laissais alors tombé en arrière, sous le poids des coups et de la peine, laissant mon corps se fondre dans le canapé. Les yeux clos, je serrais la mâchoire et essayais de trouver une solution. Cela ne devait pas se passer comme ça. Non, cela ne se pouvait pas. Mais c’était bel et bien le cas. Je sentais mon cœur s’essouffler dans mon torse, battre beaucoup trop lentement pour que ce soit normal. Je sentais une douleur s’emparer de mes poumons à chaque fois qu’une bouffée d’air pénétrait à l’intérieur. Non, cela ne pouvait pas se passer de la sorte. je n’avais pas pu vivre tant de chose pour me faire rejeter finalement. Je sentais mon monde s’écrouler. Celui où j’avais battit tant de chose autour de ses retrouvailles. Autour de nous. Tout tombait en ruine et je ne me sentais pas continuer à vivre et à me battre si la seule personne que j’aimais dans ce monde ne voulait plus de moi. je soupirais et soufflais alors lentement, essayant de garder mon calme, essayant de ne pas faire de bêtise. Car oui, à ce moment précis, je pouvais faire tout et n’importe quoi qui pourrait me faire quitter ce monde…
Alors que je restais dans cette position, je sentis soudainement un corps se poser sur le mien et des larmes venir inonder mon t-shirt alors que des mains frêles s’emparaient du tissu. Mes yeux s’ouvrirent faiblement et se posèrent alors sur la dite personne don je savais déjà de qui il s’agissait. Pie fondait une nouvelle fois en larme tout en s’excusant de dire n’importe quoi. Je n’arrivais même plus à savoir si c’était sincère ou non. Car les mots qu’elle m’avait envoyés quelques minutes plus tôt sortaient de la bouche d’une personne qui le pensait réellement. Son visage empreint de haine le montrait bel et bien. Et là c’était la même chose concernant ses excuses. Elle avait l’air sincère. Mais je n’arrivais pas à me faire une idée. Que lui arrivait-il ? Elle avait changée. Beaucoup trop changée. Je ne la reconnaissais pas du tout. Sans réfléchir, j’enroulais doucement mes bras dans son dos et la serre légèrement à moi. Ses cheveux non loin de mes narines, je pouvais respirais son parfum et m’y enivrer. Celui-ci m’avait tellement manqué.

« Ne sois pas désolé Pie… si c’est ce que tu penses vraiment alors je prendrais sur moi et encaisserai… J’aurai tant voulu que tu sois fière de moi mais bon… si cela n’est pas le cas alors tant pis. J’ai fait des erreurs. D’énormes erreurs. Je n’aurais jamais du te quitter. A cause de moi, voila l’état dans lequel tu te retrouve désormais. Car oui, tu ne peux rien me cacher et je vois très bien que quelque chose ta mis dans cet état. Quoi exactement ? Je n’en sais encore rien. Mais cela ne me plait guère…Tout est de ma faute et non de la tienne ma belle… Je m’en veux terriblement. »

Tout doucement, alors que mon cœur battait violemment contre ma poitrine, je ressentis un bien être, un soulagement, s’emparer de mon corps. Mon cœur perdait petit à petit sa course meurtrière alors que mes poumons se remplissaient plus doucement, sans à-coups. Mes bras se resserrèrent sur son petit corps en sanglot et je pouvais sentir la petite blonde se calmer très lentement en étant là, posée sur moi. Nous restions là, sans bouger, profitant simplement de cette étreinte qui représentait bien plus que ce que j’avais pensé. Qui était bien plus forte que ce qu’il s’était passé jusqu’à maintenant et qui était représentative des retrouvailles que j’avais espéré. Du moins, en partie, car il manquait toujours quelques choses. Mais je ne disais rien pendant ce moment, non, je profitais simplement. Mes doigts passaient tendrement dans son dos, s’emmêlant dans sa chevelure doré alors que le silence régnait entre nous. Seul le bruit de nos respirations tenait lieu dans la pièce. J’avais enfin l’impression de retrouver ma petite Paige. Je me souvenais de tous ces moments passés ensemble, l’un dans les bras de l’autre, l’un avec l’autre à faire tout et n’importe quoi, à se soutenir, à parler et se réconforter. Je me souvenais m’être de nombreuses fois battues pour laver l’honneur de la jeune femme. En cachette, sans qu’elle ne sache rien. Combien de mec avaient essayés de la trainer dans la boue ? Elle savait se défendre, elle avait un don pour les répliques cinglantes que je n’avais pas. Mais certains parlaient dans son dos et essayaient de lui donner certaines réputations que je me devais de corriger.
Oui, j’avais l’impression de retrouver Pie. Du moins, en partie… quelque chose me dérangeais. Quelque chose que je n’avais jamais connu venant d’elle. Ce froid, cette haine. Ce mélange de tristesse, de peur et de doute. Quelque chose n’allait pas et ses yeux la trahissaient. D’un magnifique bleue d’habitude, voila qu’ils étaient recouvert d’un voile rouge. Pas celui de ses larmes car je connaissais que trop bien ses prunelles pour savoir quand elle pleurait. Non, là c’était différent. Quelque chose d’autre de bien plus fort, de bien plus puissant se passait dans son corps et j’étais petit à petit entrain de comprendre quoi exactement. Baissant doucement le visage vers elle, je la regardais s’essuyait sur mon t-shirt, comme avant, et relever les yeux vers moi. Elle ne vint cependant pas jusqu’à mon regard. Elle le fuyait, ce qui appuya le fait qu’il y avait bien quelque chose…

« Tu n’es pas affreuse, bien au contraire mon même. Tu es à mes yeux la plus belle personne que j’ai pu rencontrer. Tu n’es pas mauvaise, tu as ta façon d’exprimer ton mécontentement, que ça plaise ou non aux autres. » Je laissais en suspens le reste de ma réponse l’espace de quelques petites secondes, des secondes où je pu réfléchir à ce que j’allais dire. Les questions qu’elle me posa méritaient des réponses claires, mais en étant clair, je risquais alors de lui dévoiler ce que je ressentais pour elle. Je réfléchissais, bien plus que nécessaire puisque je savais inconsciemment que j’allais lui répondre. Que j’allais tout lui avouer. J’avais failli la perdre sans lui ouvrir mon cœur, je n’allais tout de même pas renouveler l’expérience et laisser ma chance partir. Alors que je m’apprêtais à ouvrir la bouche, quelque chose me frappa en plein visage, arrêtant mon cœur de battre l’espace de quelques secondes, accentuant alors le silence. Et si elle avait trouvé quelqu’un parmi toutes les personnes présentes dans cette bâtisse ? Et si son cœur était déjà pris ? Je n’y avais jamais songé jusqu’à aujourd’hui. Les probabilités qu’elle puisse avoir quelqu’un étaient assez fortes. Après tout, elle m’avait cru mort, elle n’avait plus aucune attache, elle avait certainement du nouer de nouveaux liens, faires des rencontre et peut-être même trouver l’amour. Ce qui pourrait expliquer le froid et la colère qu’elle avait eu à mon égard.

Alors que je réfléchissais à cela, je la vit se lever, essuyer ses larmes et commencer à marcher dans la salle, se dirigeant vers la porte d’entrée, probablement pour partir. J’avais mis trop de temps à répondre, peut-être s’était-elle mise une réponse en tête, une réponse négative, qui ne lui convenait pas. Elle ouvrit la porte et s’arrêta, le regard perdu vers l’extérieur. Sans plus attendre, ne voulant pas la perdre une nouvelle fois, je me relevais du canapé dans un bon et partis en courant dans sa direction. Alors qu’elle regardait au dehors, j’attrapais son bras et dans un geste assez rapide, la fit se retourner vers moi avant de la serrer à moi tout en me plongeant dans son regard. Une de mes mains se posa contre sa joue que je caressais aussitôt d’un petit geste, lent et tendre, du pouce.

« Pourquoi je te pardonne ? Pourquoi je reste là avec toi ? Après toutes ses années, j’aurais cru que tu avais compris. Que mes sentiments pour toi étaient bien plus qu’amicaux. Que je ressens depuis toujours, depuis la première fois que je t’ai vu, quelque chose de fort qui me serre là. » Dis-je en prenant sa main et en la déposant sur mon cœur. « Je … je veux rester à tes cotés, jusqu’à la fin de ma vie. Je veux être avec toi, tous les jours, du matin au soir. Te voir, te parler, te sentir. Te toucher… Je n’ai pas survécu à tout ceci pour rien, sans but précis. C’était toi mon but. Te retrouver mais aussi vivre avec toi et te dévoiler enfin tout ça, tout ce que j’ai toujours ressentis… »