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L'HISTOIRE DU PERSO
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Je m’appelle Stella Holly Hudson, j’ai 26 ans et je suis une survivante du plus grand fléau que la Terre ait jamais connu. Comme beaucoup de rescapés je repense régulièrement à ma vie passée, à tous ces petits plaisirs que j’ai perdu, à toutes ces choses que je ne pourrai plus jamais refaire. Et comme beaucoup de survivants, j’échange mes souvenirs plus ou moins sombres autour d’un verre histoire de se changer les idées. Mes anecdotes ne provoquent pas de longs silences gênés ou des larmes de compassion, ce serait plutôt l’inverse. Généralement, quand je parle de ma vie avant le jour J, mes interlocuteurs sourient et leurs yeux pétillent. Si ma vie n’est pas des plus palpitantes à raconter, elle a été agréable à vivre et j’y repense aujourd’hui avec beaucoup de tendresse ne souhaitant échanger mes souvenirs avec personne même pour tout l’or du monde. Mon enfance fut des plus banales, heureuse et épanouie. Je suis née et fus élevée à Jacksonville en Floride. Mon père était gérant d’un petit bar transmis de père en fils, ma mère était institutrice. Jusque là rien d’extraordinaire et je ne m’en plaignais pas. J’aimais ma famille, j’aimais ma petite ville tranquille. Dès l’âge de douze ans, mon père me laisser venir dans son bar avant l’ouverture pour prendre place derrière le bar, je me souviens que j’adorais ça. J’adorais ces moments de complicité et faire semblant de préparer des cocktails pour les motards du coin.

Mais très vite je devais rejoindre ma mère pour partir à l’école, fille d’institutrice je me devais d’être exemplaire, être toujours à l’heure et obtenir les meilleurs résultats. Je n’étais peut être pas première de la classe mais j’étais dans la tête du classement et cela suffisait amplement à ma mère qui me disais sans cesse à quel point elle était fière de moi. Cela m’avait d’ailleurs beaucoup aidé à me construire et à devenir une jeune femme optimiste et enthousiaste. A l’époque, je partageais mon temps entre l’école et mes deux grandes passions, la musique et la danse. Depuis l’âge de six ans, je prenais des cours de danses contemporaines ainsi que des cours de piano où, il faut l’avouer, j’excellais. Comme le disait souvent mon professeur, j’étais née pour jouer et j’aimais ça. Je n’étais pas une de ces enfants obligés de jouer d’un instrument pour combler une frustration parentale. J’avais moi-même choisi mon instrument et ne l’avais pas regretté un seul instant. J’étais également assez douée pour la danse bien que je ne pus jamais atteindre le niveau que j’espérais à cause de l’épidémie. Mon adolescence fut également des plus paisibles, je fréquentais le collège, le lycée puis l'université du coin restant auprès de mes plus proches amis avec qui je formais un groupe uni et solidaire. Ma meilleure amie s’appelait Selena, nous étions comme des sœurs. Nos parents étant très proches, nous nous étions connus dès notre plus tendre enfance. Avec nos amis communs nous étions tous comme une grande famille et je les aimais énormément. Parfois j’imagine ce qu’ils sont devenus et j’aime à croire qu’ils sont eux aussi à l’abri quelque part, dans une autre ville… J’imagine que Sarah et Jake sont toujours ensemble, que June écrit toujours ses magnifiques poèmes ou encore que Mike raconte toujours ses bonnes blagues aux autres pour leur redonner le sourire. J’aurais tant aimé être avec eux ce jour là, pour les aider, les soutenir et voir ce qu’ils étaient devenus, car même s’il m’est agréable de croire qu’ils sont toujours en vie et en pleine santé, il n’y a rien de pire que l’ignorance.

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Janvier 2018, je n’avais que 23 ans lorsque le sort de l’humanité bascula dans un véritable cauchemar. Le jour où l’épidémie gagna la ville de mon enfance, Jacksonville, je me trouvais chez une de mes amis, Jenny. Nous devions travailler en binôme pour notre cours de littérature, notre domaine de prédilection, et avions choisi de nous retrouver chez elle pour parler du choix de l’œuvre que nous allions analyser. Je m’étais alors rendu dans son quartier en début d’après midi et rien ne laissait présager l’enfer qui allait déferler sur nos vies. Comme d’habitude, j’avais poliment salué ses voisins bien que cela me mettait toujours mal à l’aise, avant de sonner à sa porte. Comme d’habitude, j’avais entendu ses chaussures claquer sur le sol avant que la porte ne s’ouvre et qu’elle ne m’accueille avec un grand sourire, ravie de ne plus être seule avec ses parents qu’elle ne supportait plus. Une fois dans sa chambre, nous mettions le dernier album de notre chanteuse préférée et discutions de nos livres de chevet. Je lui proposais alors de travailler sur un de mes classiques préférés, Des souris et des hommes de Steinbeck et elle me proposait également ses incontournables. Ce début d’après midi avait été très agréable, nous avions beaucoup parlé mais aussi beaucoup rit.

Finalement nous décidions de faire un petit break et d’aller prendre un verre de limonade dans la cuisine. La mère de Jenny était encore entrain de faire une sieste dans le canapé, elles s’étaient disputées quelques heures avant mon arrivée mais Jenny n’avait pas réellement tenu à m’en parler et pour l’instant elle préférait la laisser dormir, histoire d’avoir la paix. Je me sentais soudain très mal à l’aise, je n’aimais pas les conflits, encore moins ceux qui ne me concernaient pas, je me sentais comme une intruse qui n’était pas à sa place. J’étais donc soulagée de voir que la mère de Jenny n’était pas réveillée par notre vacarme dans la cuisine. Celle-ci donnait directement sur le salon et nous pouvions d’ailleurs voir les pieds de madame Baker dépassaient du canapé. Mais alors que nous parlions un peu de nos cours, je fus interpellée par une scène qui se passait dans la cour du voisin de Jenny et que je pouvais voir à travers la grande baie vitrée de la cuisine. Une jeune fille sortait en courant de chez elle suivie de prêt par un homme mal en point. Effrayée, je me levais d’un bond de mon tabouret et demandais à Jenny de réveiller sa mère pour qu’elle appelle la police. Apeurée elle aussi, mon amie ne se fit pas prier et se précipita auprès de sa mère pour la réveiller. Je m’approchais alors doucement de la baie vitrée essayant d’en voir un peu plus quand j’entendis Jenny commencer à paniquer alors qu’elle tentait de réveiller sa mère. Je me retournais pour comprendre ce qu’il se passait quand je vis Jenny se redresser vers moi, les larmes aux yeux. Fébrile et sous le choc, elle me dit qu’elle croyait que sa mère était morte. Je fronçais alors les sourcils, je n’arrivais pas à croire ce qu’elle me disait tant la scène paraissait surréaliste. Mais Jenny n’était pas une bonne actrice, j’avais pu le constater le jour où elle avait tenté d’expliquer, sans succès, pourquoi elle n’avait pas rendu son exposé écrit à notre professeur de littérature. Si elle me disait que sa mère était morte, c’était le cas. Je restais muette et immobile, je ne savais ni quoi dire ni quoi faire quand soudain la mère de Jenny se réveilla et sauta à la gorge de sa fille dont elle arracha un large lambeau de chair. Je sursautais à nouveau et me cogner contre le bar de la cuisine sans même sentir la douleur, la scène horrifique qui se jouait sous mes yeux me faisant perdre tout sens de la réalité. Jenny me lança un regard de frayeur, comme un appel au secours, avant de s’écrouler sur la table basse de son salon.

Mes deux mains posées sur ma bouche, je tentais de ne pas faire de bruit pour ne pas attirer l’attention de sa mère qui s’était ruée sur elle pour la dévorer. Je ne voyais rien mais le son de la chair qui se déchirait et les gémissements de douleur de Jenny me suffisaient à imaginer l’horreur qui avait lieu derrière ce canapé. Affolée, je regardais autour de moi recherchant désespérément une issue de secours quand soudain j’entendis le bruit d’un choc frontal derrière moi, deux voitures venaient de se percuter et malheureusement pour moi, je n’étais pas la seule à l’avoir entendu. Et alors que je me retournais pour m’assurer que la mère de Jenny n’avait pas déporté son attention vers moi, je tombais sur son regard injecté de sang qui me fixait comme si j’étais le graal. Jamais je n’oublierai ce regard qui me hante encore aujourd’hui chaque nuit, ce regard dépourvu d’humanité, le regard de la mort. Dans un sursaut frénétique, elle se rua vers moi délaissant le cadavre de sa pauvre fille dans sa marre de sang. Je me précipitais alors dans l’escalier et montais à l’étage, stratégie peu intelligente mais c’était la première fois qu’un zombie me prenait en chasse et je n’avais pas encore les réflexes accrus que je possède aujourd’hui.

Complètement vulnérable, je m’enfermais derrière la première porte que je rencontrais et qui s’avéra être la chambre des parents de Jenny. Il me fallait vite trouver une issue de secours si je ne voulais pas mourir. Je n’avais pas trente six possibilités, je ne pouvais m’échapper que par la fenêtre qui menait sur le toit. Je me précipitais alors vers celle-ci et l’ouvrait sans hésiter, ce n’était pas le moment de prendre mon temps, je ne me retournais même pas pour vérifier que la porte tenait toujours, j’étais concentrée sur un seul objectif, sortir en vie d’ici. Très vite je me retrouvais sur le toit et je n’étais pas plus avancée quand soudain j’entendis la porte céder sous les coups du zombie. Les battements de mon cœur s’accélèrent et ma gorge se noua, je n’avais plus le choix, je devais sauter… Je savais que la hauteur ne me tuerait pas mais la peur de souffrir était si intense. Cependant, mon autre alternative n’était pas plus réjouissante et je décidais de prendre mon courage à deux mains. Je me glissais sur la gouttière et tentais de gagner quelques centimètres pour amoindrir la chute mais la mère de Jenny arriva précipitamment me faisant lâcher prise. Je tombais droite comme un piquet et me fracturer le tibia qui transperça ma chair. La douleur fut si intense que je m’évanouis…

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Quelques heures plus tard, je me réveillais dans une salle de réveil complètement groggy. Autour de moi, des infirmières s’occupaient de leurs patients sans se préoccuper de moi jusqu’à ce que l’une d’entre elles remarque enfin que j’avais repris connaissance. Je tentais de bouger quand je ressentis une douleur atroce dans la jambe, la chute, les morts-vivants, Jenny, mon tibia… Tout me revenait en mémoire et je commençais à sentir la panique m’envahir. Je grimaçais de douleur et tentais de prononcer quelques mots quand l’infirmière vint vers moi pour remplir ma perfusion d’un produit dont je ne connaissais pas le nom mais dont j’adorais l’effet. En quelques minutes, la douleur disparut et je retombais dans les bras de Morphée. Lorsque je me réveillais de nouveau, je me retrouvais dans un lit d’hôpital, mes parents à mon chevet. Je ne savais pas où j’étais et ressentais une soif immense. Je me tournais alors vers mon père lui demandant un peu d’eau. Il caressa délicatement mes cheveux et prit un gobelet qu’il me tendit. J’attraper la paille du bout des lèvres et commençais à boire. J’en oubliais même quelques secondes ce qu’il m’était arrivé quelques heures plus tôt mais très vite des flashs me revinrent en mémoire. Je prononçais alors le prénom de Jenny et voyais mon père tourner la tête l’air compatissant. Je regardais alors dans sa direction et vis le père de mon amie. Je ne pus alors m'empêcher de fondre en larmes en pensant à Jenny.

Quelques secondes avant que je ne saute du toit, Miles Baker rentrait de son travail et m’avait aperçut. Effrayé, il m’avait alors prit dans ses bras avant de rentrer chez lui pour me mettre à l’abri. C’est alors qu’il avait vu le cadavre de Jenny et lorsqu’il vit sa femme débouler les escaliers, il comprit qu’il était tant pour lui de fuir. Il m’avait alors emmené à l’hôpital de Jacksonville mais face au chaos qui commençait à envahir la ville, il avait préféré m’emmener à l’hôpital de Spring Glen de l’autre côté du fleuve, une petite bourgade qui n’avait pas encore été frappée par le virus. A défaut de sauver sa propre fille, il m’avait sauvé moi et je lui en serais à jamais reconnaissante. Une fois à l’hôpital, il m’avait laissé aux mains des chirurgiens qui m’avaient opéré pendant plusieurs heures afin de remettre mon tibia en place. Une ostéosynthèse d’après mon père, mais pour moi c’était du charabia, tout ce que j’avais compris c’est que je ne pourrais pas remarcher normalement avant plusieurs mois, voir plusieurs années. Miles m’avait donc laissé aux mains des chirurgiens avant de contacter mes parents pour qu’ils nous rejoignent, voilà comment nous avons échappé à la première vague d’épidémie à Jacksonville. Malgré l’enfer que je venais de traverser, je trouvais du réconfort lorsque je vis Selena, ma meilleure amie, auprès de mes parents. Après que les siens aient été tués, elle s’était réfugiée chez moi espérant m’y retrouver. Elle avait alors été recueilli par mes parents qui l’avaient amené à l'hôpital avec eux.

Lorsque le camp militaire de Jacksonville fut construit, c’est ensemble que nous décidions d’y trouver refuge. Selena et le père de Jenny était devenus des membres de la famille et il était hors de question de les abandonner. Ma jambe me faisait toujours horriblement mal mais le staff médical du camp s’occupait bien de moi et de ma rééducation. Selena passait d’ailleurs beaucoup de temps avec moi pour m’aider à surmonter cette épreuve et m’encourager dans ma guérison. Celle-ci fut longue et douloureuse, je boîte d’ailleurs encore parfois aujourd’hui et il arrive que ma jambe se bloque encore quand je force trop dessus, mais en générale, je dois dire que je ne m’en suis pas trop mal tirée. A l’époque je pensais que cet incident et l’enfer auquel nous devions faire face n’allaient que renforcer mes liens avec mes parents mais ce ne fut pas le cas. Avant l’épidémie nous étions une famille soudée, toujours présents les uns pour les autres mais au sein du camp, mes parents préférèrent se dévouer corps et âme au bien être du campement, à la survie de la communauté, pour ma plus grande déception. Je comprends aujourd’hui qu’ils faisaient cela pour s’occuper l’esprit et ne plus penser à ce cauchemar dans lequel nous vivions. Je me rapprochais alors encore plus de Selena avec qui je passais le plus clair de mon temps. Nous nous serrions les coudes dans cette terrible épreuve et nous nous étions promis de toujours être là l’une pour l’autre, de ne jamais se séparer. Notre amitié n’avait jamais été aussi forte. Je rencontrais également, dans la petite clinique de fortune de notre camp, où je me rendais quasiment tous les jours pour retrouver l’usage complet de ma jambe, un homme exceptionnel. Il s’appelait Mark, Mark Stevens. Il était à la clinique pour une entaille à la main qu’il s’était faite en aidant à la construction d’un abri. Tout de suite le courant passa entre nous et il me prit sous son aile. Il m’apportait ce dont j’avais besoin, de l’attention, de l’amour, de la vie. J’adorais passer du temps avec lui et étais secrètement tombé amoureuse de lui, bien que je pense aujourd'hui qu'il s'en était aperçu. J'admirais beaucoup Mark et le voyais comme un véritable mentor qui m’apprit beaucoup de choses sur les morts-vivants, sur la manière de les combattre et de les exterminer. Il était devenu mon professeur, mon confident, mon meilleur ami.

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Mais toutes les bonnes choses ont une fin et deux ans plus tard le camp de Jacksonville fut envahit par les zombies. L’équilibre que je m’étais reconstruit tomba en morceau et je perdis à jamais mes parents sans avoir l’occasion de leur dire à quel point je les aimais. Une faille dans le système de sécurité et voilà que les zombies avaient passé les clôtures qui nous protégeaient de la mort. Je me rappellerai toujours de cette terrible nuit où des cris stridents m’avaient extirpé de mon sommeil. Les soldats nous hurlaient de ne pas céder à la panique et de les suivre le plus calmement possible. Je n’arrivais à croire qu’ils puissent nous dire cela, des morts vivants avaient envahis le camp, la mort était à nos trousses et nous devions rester calme. Mais je n’étais qu’une civile et je devais suivre leurs ordres. J’essayais alors de me calmer et cherchais mes parents sans succès. Ils avaient encore passé la nuit à chercher de nouveaux moyens d’améliorer le confort du camp avec d’autres survivants. Je ne le savais alors pas encore, mais jamais je ne les retrouverai. Dans le chaos le plus total, je peinais à marcher dans la foule quand soudain je tombais sur Mark qui avait traversé tout le camp pour me retrouver et m’aider à m’enfuir. Mark comptait tant pour moi que je n’aurais pu imaginer ma nouvelle vie sans lui. Il était mon pilier. Et Selena dans tout ça ? L’histoire s’était compliquée… La veille de cette terrible nuit, elle m’avait proposé d’aller faire un tour à l’extérieur du camp, j’avais bien évidemment refusé, trouvant cela trop dangereux. Mais ma meilleure amie n’avait pas voulu m’écouter et était tout de même sortie avec un homme qu’elle avait elle aussi rencontré au camp. Je le sus quelques jours plus tard mais lorsqu’elle était revenue avec cet homme, ce dernier avait été mordu et elle savait très bien qu’il se transformerait et pourtant, elle n’avait pu se résoudre à l’abandonner causant ainsi la perte de notre camp. Cette nuit là je ne le savais pas et poussais Mark à m’aider à la retrouver.

Très vite, des véhicules avaient été mis en place à la sortie du camp pour permettre aux survivants de se regrouper afin de prendre la route vers un autre camp. Je pressais Mark et Selena, que nous avions réussi à retrouver, pour que nous puissions avoir une place et être emmenées le plus loin possible de cet enfer. Nous nous approchions alors d’un fourgon mais il ne restait qu’une seule place, voyant qu’un autre véhicule attendait derrière nous nous apprêtions à y aller tous les trois mais dans la précipitation, nous fûmes séparés et Mark fut poussé dans le premier fourgon par un soldat. Il tapota sur l’arrière du fourgon et celui-ci parti en trombe. Mark hurlait au soldat de le laisser descendre mais c’était peine perdue. Il me cria alors de monter dans le fourgon suivant, que nous nous retrouverions très vite et pour la première fois, je pus voir des larmes naître dans ses yeux. C’est également les larmes aux yeux que je le regardais s’éloigner de moi sans pouvoir rien faire. Je montais alors à mon tour dans un fourgon avec Selena et m’asseyais prêt d’inconnus tous plus apeurés les uns que les autres. Mais je me fichais complètement d’eux, mes pensées étaient réservées à Mark, je m’en voulais tant de l’avoir laisser partir, je m’en voulais tant de ne pas avoir réagit assez vite pour le garder auprès de moi. Puis je tentais de relativiser les choses, il était parti avec les premiers et seraient donc très vite en sécurité. Mais quelques rues plus tard, la panique prit d’assaut l’avant de notre fourgon qui changea sa trajectoire. Il ne m’en fallut pas plus pour comprendre ce qu’il s’était passé avec le fourgon qui nous précédait, celui où Mark était. Dans la panique générale, je poussais mes compagnons de route pour accéder à l’arrière du fourgon et voir de mes propres yeux ce qu’il se passait. Deux soldats me tombèrent dessus et m’ordonnèrent de me calmer, je leur hurlais alors que mon ami était dans l’autre fourgon et je vis leurs regards compatissants. Les larmes montèrent dans mes yeux emplis de colère. Je poussais un des soldats et vit à quelques mètres de nous le fourgon de Mark, retourné sur la route, les flammes embrasaient l’avant du véhicule et les morts vivants encerclaient l’arrière.

Dans un cri de douleur j’hurlais le nom de Mark dans l’espoir qu’il suive ma voix pour sauver sa vie. Je tentais alors de sauter du fourgon pour aller le sauver bien que j’étais certaine qu’il était déjà trop tard. Les soldats me repoussèrent encore et encore avant que je ne m’écroule de tristesse. Je venais de perdre l’homme le plus cher à mes yeux et jamais je ne me pardonnerai sa mort, jamais je n’oublierai ce dernier regard plein de larmes qu’il m’avait lancé. Malgré ce qu’il m’avait dit, il savait, il savait que si nous étions séparées alors plus jamais nous ne serions réunis. Le trajet jusqu’au centre fut long et périlleux mais pas une seule fois je ne m’étais inquiétée pour ma vie, elle ne valait désormais plus rien. Et lorsque Selena m’apprit qu’elle était responsable de la destruction du camp de Jacksonville, mon cœur fut brisé. Ma meilleure amie, ma sœur, avait causé la mort des derniers êtres auxquels je tenais, elle avait détruit la vie que j’avais réussi à reconstruire et même si au fond de mon cœur je l’adorais toujours, une partie de moi lui en voulait terriblement. Une fois arrivée au camp, je passais par une série d’examens afin de vérifier que je n’étais pas contaminé mais je n’adressais pas un seul mot à ceux qui avaient pourtant eu la gentillesse de nous accueillir parmi eux. Je ne parlais même plus à Selena que j’avais décidé d’ignorer. Il m’était trop difficile de lui parler ou même tout simplement de la regarder dans les yeux. Je n’étais peut être pas contaminée mais quelque chose avait changé, je n’étais plus la même et les zombies allaient en faire les frais. En effet, je ne suis que très rarement au centre préférant sillonner le pays à la recherche de survivants mais aussi et surtout à la recherche de mort vivants à renvoyer en enfer.